Avec la victoire de Donald Trump aux élections de 2024, les politiques anticipées de son administration en matière d’IA sont sur le point de remodeler considérablement le paysage américain de l’IA. Au cœur de cette démarche se trouvent ses objectifs visant à maintenir le leadership américain dans ce domaine, principalement en contrecarrant les avancées chinoises. Pour Israël, proche allié des États-Unis et leader de l’innovation en matière d’IA, ces changements présentent des opportunités et des défis dans des domaines tels que la sécurité nationale, la collaboration technologique et l’alignement réglementaire.
Que chercher
Le programme de Donald Trump met l’accent sur la domination américaine dans la course mondiale à l’IA, en particulier contre la Chine. Le président élu devrait abroger le décret de Biden sur l’IA, comme le reflète le programme du Parti républicain pour 2024 : « Nous abrogerons le dangereux décret de Joe Biden qui entrave l’innovation en matière d’IA et impose les idées radicales de gauche sur le développement de cette technologie. »
En général, ses partisans et alliés sont divisés sur la gouvernance, avec des personnalités comme Elon Musk soutenant les mesures de sécurité et d’autres préconisant une surveillance minimale pour favoriser l’innovation. Les politiques clés incluent le renforcement des contrôles à l’exportation, l’expansion de la production de puces et la navigation dans le débat sur l’open source. L’avenir d’institutions telles que l’AI Safety Institute des États-Unis et les mesures plus larges de sécurité de l’IA restent incertains au milieu de voix concurrentes qui façonnent la stratégie de Trump.
Concurrence américano-chinoise
L’accent mis par l’administration Trump sur la concurrence avec la Chine dans le domaine de l’IA pourrait s’aligner sur les intérêts d’Israël en matière de technologie de défense, les deux pays partageant leurs inquiétudes quant à l’influence croissante de Pékin et à son partenariat avec des acteurs régionaux malveillants, tels que l’Iran. Compte tenu de ces préoccupations, Israël pourrait également bénéficier d’un soutien accru des États-Unis aux capacités de défense basées sur l’IA. De plus, les entreprises technologiques israéliennes spécialisées dans l’IA et la cybersécurité pourraient voir se multiplier les opportunités de collaboration pour soutenir ces objectifs géopolitiques.
Impact de l’open source et de la dynamique réglementaire
Alors que la politique de Trump tend vers la déréglementation pour encourager l’innovation, le développement de l’IA en Israël pourrait être influencé par d’éventuelles restrictions américaines sur l’IA open source. Étant donné que les sociétés israéliennes d’IA s’appuient souvent sur des frameworks open source pour le prototypage rapide, maintenir la flexibilité pourrait être essentiel. En outre, des philosophies réglementaires différentes pourraient encourager Israël à évaluer son approche en matière de sécurité de l’IA et ses lignes directrices éthiques afin d’équilibrer ses besoins nationaux avec les tendances politiques américaines.
Innovation et développement des infrastructures
L’accent potentiel de Trump sur l’accélération du développement des infrastructures d’IA offre à Israël des opportunités d’étendre les entreprises collaboratives dans la production de semi-conducteurs et de matériel d’IA. Le secteur technologique israélien, qui comprend des acteurs clés dans la conception de semi-conducteurs, peut bénéficier de toute initiative américaine visant à renforcer les capacités de production de puces.
L’accent mis sur le secteur privé israélien
À la lumière du programme de Trump en matière d’IA, le secteur privé israélien peut jouer un rôle stratégique en alignant ses efforts d’innovation pour compléter les efforts des États-Unis en faveur du leadership en matière d’IA, tout en faisant face aux implications d’éventuels changements réglementaires. Les entreprises israéliennes pourraient se concentrer sur le renforcement des liens avec les entreprises américaines et collaborer à la recherche sur la sécurité de l’IA, notamment par le biais de partenariats avec des instituts d’IA basés aux États-Unis. De plus, en renforçant les initiatives sécurisées et open source et en faisant progresser les technologies de puces et de cybersécurité, le secteur technologique israélien peut se positionner comme un acteur clé pour répondre aux priorités à la fois de concurrence et de sécurité dans le développement de l’IA.
Revisiter la proposition américano-israélienne de centre de R&D en IA
L’administration nouvellement élue et le Congrès ouvrent l’opportunité de réexaminer une proposition visant à créer un centre de R&D américano-israélien en matière d’IA, ce qui pourrait stimuler les opportunités de collaboration dans le domaine de l’IA entre les institutions universitaires américaines et israéliennes, les laboratoires de recherche et les entreprises du secteur privé. Une telle initiative devrait obtenir le soutien des deux partis au Congrès et devrait être incluse dans la stratégie nationale évolutive d’Israël en matière d’IA.
Opportunités régionales pour le leadership technologique d’Israël
Outre les avantages bilatéraux de la collaboration américano-israélienne sous l’administration Trump, Israël pourrait capitaliser sur la dynamique régionale pour consolider son leadership technologique. Un pilier central de cette stratégie consiste à s’aligner sur la Vision 2030 de l’Arabie Saoudite, qui met l’accent sur l’innovation, la diversification économique et le progrès technologique. Ce projet ambitieux vise à transformer le royaume en un pôle d’investissement mondial, fortement axé sur l’IA, les villes intelligentes et les technologies de pointe.
La collaboration avec l’Arabie saoudite et d’autres États du Golfe dans le cadre des accords d’Abraham offre à Israël l’opportunité de diriger des coentreprises dans des projets axés sur l’IA, tels que les infrastructures durables, les technologies de santé et les solutions de sécurité. De telles initiatives s’alignent sur les efforts de modernisation régionaux et créent une vision commune de la résilience économique et technologique.
De plus, le soutien américain au rôle d’Israël au Moyen-Orient pourrait faciliter les collaborations trilatérales entre Israël, les États du Golfe et les États-Unis, renforçant ainsi les capacités collectives à relever des défis mondiaux tels que la cybersécurité et l’éthique de l’IA. Ces collaborations renforceraient non seulement la position régionale d’Israël, mais contribueraient également à faire progresser les objectifs de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, favorisant une nouvelle ère d’innovation et d’interdépendance dans la région.
Regarder vers l’avenir
Les politiques de Trump pourraient créer un cadre de collaboration qui profiterait à Israël en renforçant son avantage concurrentiel dans la technologie mondiale de l’IA pour les applications civiles et militaires. Cependant, le maintien d’une approche équilibrée en matière d’IA open source et de questions réglementaires sera essentiel pour qu’Israël puisse naviguer dans cette relation en évolution et rester à l’avant-garde de l’innovation en matière d’IA.
La nécessité de renforcer la position d’Israël dans le domaine de l’IA est particulièrement cruciale à la lumière de sa récente baisse dans les classements mondiaux de l’IA. Dans le Tortoise Global AI Index, Israël est passé de la 5e place en 2019 à la 9e place en 2024, en invoquant des faiblesses dans la stratégie gouvernementale, les infrastructures et l’environnement opérationnel. De même, le rapport du Contrôleur d’État a souligné le manque de préparation d’Israël à l’ère de l’IA et a souligné le besoin urgent d’une stratégie nationale globale en matière d’IA. Combler ces lacunes, tout en tirant parti d’opportunités telles que Vision 2030 et les collaborations régionales, peut aider Israël à retrouver son leadership dans le paysage mondial de l’IA et à contribuer à la transformation technologique régionale.
Hadas Lober est un spécialiste de la politique et de la réglementation de l’IA et membre du Forum Dvorah. Dr A.S. Eitan Yudilevich est un ancien directeur exécutif de la Fondation BIRD.