Les marchés en croissance de la zone euro sont proches du pessimisme maximal

Les marchés en croissance de la zone euro sont proches du pessimisme maximal

Marchés

Dans une interview accordée à Bloomberg, Le Pen du Rassemblement National a poussé un soupir de soulagement sur les marchés. Après avoir soutenu la motion de censure qui a fait tomber le gouvernement Barnier, elle s’est ouverte à tout nouveau Premier ministre à condition que celui-ci présente un budget qui trace une « trajectoire raisonnable » pour réduire les déficits démesurés. Les spreads français se sont fortement rétrécis et nous nous attendons pour l’instant à ce qu’ils se stabilisent autour des niveaux actuels. Une vague générale d’optimisme prudent s’est propagée sur les marchés européens au sens large. Les rendements du Bund allemand ont augmenté entre 2,4 et 6,9 points de base dans un mouvement d’aplatissement baissier, les actions ont augmenté d’environ 0,7% (EuroStoxx50) et l’euro s’est apprécié face à ses concurrents du G10. L’EUR/USD s’est redressé de 1,0511 vers la zone de 1,06, aidé également par un dollar plus faible. Les rendements du Trésor américain ont initialement rejoint la tendance européenne à la hausse, mais certaines données économiques de second rang plus faibles ont limité ce potentiel. Les variations quotidiennes nettes ont finalement varié entre -1,1 points de base (30 ans) et +1,7 points de base (2 ans). Les marchés se préparent aujourd’hui au rapport sur l’emploi de novembre. La croissance de l’emploi devrait rebondir après la baisse de -28 000 en octobre. L’impact négatif des grèves et des ouragans de l’époque aurait dû être atténué en novembre. Ce type de rebonds statistiques est cependant difficile à interpréter. Au contraire, nous nous attendons à une réaction légèrement plus importante en cas de surprise baissière. Une réduction en décembre est très probable, mais elle n’est pas encore totalement prise en compte. De plus, la barre pour anticiper des réductions encore plus importantes en 2025 (environ 50 points de base cumulés) est haute. Nous considérons que les rendements initiaux sont les plus vulnérables aux pertes. Le dollar pourrait perdre du terrain. Si l’EUR/USD dépasse 1,06, la prochaine référence apparaîtra entre 1,0666 et 1,07. Nous sommes impatients de voir si l’euro est également en train de réaliser des gains par rapport au dollar qu’il a lui-même créé. L’issue n’est pas encore tranchée, mais les signes de plus en plus nombreux indiquent que les marchés de la zone euro sont proches du pessimisme maximal. Le Financial Times a publié hier un article sur plusieurs pays de l’UE discutant d’un nouveau véhicule financier de 500 milliards d’euros qui pourrait émettre des obligations garanties par les membres participants pour financer des projets de défense communs. Il s’agit d’un précédent potentiel important qui pourrait ouvrir la voie à d’autres initiatives (par exemple la transition écologique). Cela ouvrirait également un espace budgétaire indispensable au niveau national.

Actualités et opinions

Les données japonaises sur les salaires et les dépenses de consommation d’octobre publiées ce matin ont montré une image mitigée. Le salaire de base régulier, considéré comme une mesure moins volatile de la dynamique de croissance des salaires, a augmenté de 2,8 % sur un an, inchangé par rapport au mois précédent. Les revenus nominaux du travail en espèces pour tous les travailleurs ont légèrement augmenté, passant de 2,5 % sur un an (révisé à la baisse) à 2,6 %. Les bénéfices réels en espèces ont été imprimés à 0,0 % sur un an, mais se sont améliorés par rapport à -0,4 % le mois précédent. La plupart de ces indicateurs salariaux étaient proches des attentes, certains légèrement plus faibles que prévu. Cependant, même s’ils sont quelque peu mitigés, ils peuvent probablement être considérés par la BoJ comme confirmant que l’évolution des données sur les salaires contribuera à maintenir l’inflation sur une trajectoire permettant d’atteindre durablement l’objectif d’inflation de 2 %. Une autre série de données a montré que les dépenses de consommation réelles avaient diminué de 1,3 % sur un an en octobre. Cela se compare à une baisse de -1,1 % en septembre et aux attentes du marché d’une baisse encore plus rapide de -2,5 % sur un an. Cela pourrait montrer des fluctuations irrégulières sur une base mensuelle. Ces données constituent un apport important pour la BoJ lors de sa réunion du 19 décembre. Le marché et les analystes restent divisés quant à savoir si la BoJ franchira une prochaine étape vers la normalisation de sa politique dès cette réunion ou attendra le premier trimestre de l’année prochaine. Le yen n’a pratiquement pas réagi aux données. L’USD/JPY oscille toujours près de la barre des 150 (149,9).

Lors de la conférence de presse tenue au lendemain de la réunion politique de mercredi, le gouverneur Glapinski de la Banque nationale de Pologne (NBP) a adopté un ton belliciste. Comme prévu, la NBP a maintenu son taux directeur inchangé à 5,75 %. Jusqu’à récemment, les commentaires de (certains) membres du MPC suggéraient que la Banque pourrait commencer à discuter d’une réduction des taux lors de la réunion de mars. Certains membres soutiennent toujours cette ligne (commentaires de Wnorowski publiés ce matin sur Bloomberg). Cependant, le gouverneur Glapinski a indiqué hier que l’évolution de l’inflation pourrait être plus complexe en raison de la manière dont le gouvernement a plafonné les prix de l’énergie. Glapinski prévoit une hausse de l’inflation à environ 5,0 % au premier trimestre 2025, mais elle pourrait à nouveau s’accélérer au 4e trimestre. Dans ce contexte, le débat sur l’assouplissement des taux pourrait être reporté à octobre plutôt qu’à mars. Le zloty se renforce dans la zone EUR/PLN 4,26.